lundi 10 avril 2006

Elle est belle la France…

Je n’ai pas pour habitude d’aborder des sujets sérieux sur ce blog mais la crise que vient de traverser la France m’oblige à réagir.

Alors ça y est, le CPE est remplacé. Déjà les réactions affluent tous azimuts : « Un succès pour la jeunesse » avance François Hollande (PS), « une première victoire extrêmement importante » selon Bruno Julliard (UNEF), « on a gagné ! » hurle une adolescente dans la rue…

Mais qu’est-ce que la jeunesse y a vraiment gagné ? A un CPE proposé pour tous sera donc substitué une augmentation des « aides en faveur des jeunes les plus en difficultés ». Bref, un dispositif déjà existant, à peine musclé. Seules 160.000 personnes sont concernées.

Si l’on résume, après trois mois de blocus, de manifestations partout en France, d’assemblées générales noyautées par les syndicats, d’interdictions arbitraires à d’autres jeunes d’étudier, d’interdictions tout aussi arbitraires à des salariés de se rendre à leur travail… Le débat n’a pas avancé. Et voilà sans doute ce que ces anti-CPE appelle une « victoire ». Encore une crise de la société française qui met en lumière l’incapacité de faire bouger les choses dans un pays sclérosé.

A la question « Pourquoi ne peut-on pas réformer la France ? », seuls 45% des Français estiment leur état d’esprit responsable (sondage LH2/Libération). Pire, les syndicats ne sont cités qu’13%. Mais qui sont donc LES responsables me demandez-vous ? Les méchants gouvernements et patrons bien évidemment. Venant d'une population pourtant si souvent habituée à se regarder le nombril, le résultat peut paraître étonnant…

Alors puisque le CPE est mort, puisque ces jeunes descendus par milliers dans les rues préfèrent finalement le stage à un contrat certes critiquable mais qui aurait sans doute permis à certains de mettre un vrai premier pied dans le monde du travail. Puisqu’il ne faut décidemment pas toucher aux « acquis sociaux » (je défis d’ailleurs quiconque de m’expliquer ce qu’est un ‘acquis social’)… NE FAISONS PLUS RIEN !

Il semble en tout cas que c’est la solution… Tout autant qu’au soir de ce vomitif 21 avril 2002, aujourd’hui je suis triste d’être Français. Triste de voir que le jour où l’Italie parvient DEMOCRATIQUEMENT à bouter hors de son Conseil l’une des plus grandes crapules de l’histoire de la politique, la France elle est contrainte de faire un pas en arrière. Un pas en arrière dans l’avenir des jeunes : voilà un concept bien difficile à comprendre.

N’allez donc plus vous étonner d’être la risée du monde entier. Avec un tel état d’esprit, il n’est pas pour demain le jour où nous montrerons l’exemple aux autres pays. Dommage, elle est pourtant bien belle cette autre France...